Pourquoi le choix du Sénégal pour accueillir ce salon ?
“Nous avons eu deux éditions en France, en 2021 et 2022, du salon des entrepreneurs africains. Nous mettons les entrepreneurs africains de la diaspora en lumière. C’est la première fois que nous venons en Afrique. Le Sénégal est une terre d’opportunités. Ça a été une opportunité pour nous et nous l’avons saisie. Le message que nous avons tenu à passer avec la ministre (Aïssata Tall Sall), c’est que c’est une terre d’opportunités pour la diaspora et plusieurs entreprises. Il faut, premièrement, que cette terre de la ‘’Téranga’’ (hospitalité) soit une opportunité pour les Sénégalais d’abord. À partir du moment où on voit des milliers de Sénégalais répondre présents à l’appel panafricain que nous lançons, le succès est déjà là.”
Vous effectuez le retour au moment où des millions de jeunes africains font le chemin inverse au péril de leur vie. Comment l’expliquez-vous ?
“Il y a clairement un déficit d’informations et dés fois aussi d’inspiration. Vous avez un pays magnifique. Il faut le valoriser. Valoriser aussi cette jeunesse. C’est pour cela qu’en venant ici, nous avons aussi interpeller le gouvernement sénégalais. Quand on est déterminé à aller en Europe à la nage, on est déterminé à faire quelque chose de sa vie. Le message que nous donnons à la jeunesse sénégalaise, c’est que si nous venons chercher des opportunités, ici, c’est qu’il y en a. Mais, c’est à vous aussi de les voir. Il ne s’agit pas toujours de voir les inconvénients, mais aussi les opportunités. Nous avons des entrepreneurs, des étudiants mais nous avons aussi des investisseurs, des entreprises qui viennent de l’étranger, qui ne viennent pas simplement chercher de la main d’oeuvre mais, qui viennent chercher des Sénégalais qui sont qualifiés. Aujourd’hui, les jeunes sénégalais sont formés pour affronter les défis de l’emploi qui se dressent devant eux. N’allez pas chercher les solutions ailleurs. Elles sont ici. Nous avons déjà conclu quelques partenariats avec des universités sénégalaises. Il y a du recrutement qui est fait pour de l’emploi. Au-delà, il est important d’inspirer la jeunesse sénégalaise à entreprendre sur elle-même. La richesse, elle est là. Vous avez des talents. Il est important que ces talents puissent vous profiter à vous-mêmes dans un premier temps. Au moment où nous parlons de panafricanisme utile, il est important d’être dans l’action. C’est important d’avoir des discours. C’est pourquoi, nous allons poursuivre notre travail. Quand on revient en tant que diaspora, on doit revenir avec beaucoup d’humilité mais être prêt à travailler. C’est ce que nous voulons faire.”
Quelle appréciation faites-vous de ce qui se passe en Tunisie où des migrants subsahariens, cibles d’arrestations et d’agressions, sont inquiets pour leur sécurité ?
“C’est une situation qu’on a déjà connue au Maroc, en Algérie. C’est triste. Quand on parle de panafricanisme, on parle de l’Afrique de manière générale. Les subsahariens avec le Maghreb. Maintenant, il faut avoir aussi un discours fort. Nous sommes des Africains, oui. Nous sommes des noirs. Si certains ne veulent pas travailler avec nous, qu’ils le déclarent clairement. Nous n’avons pas besoin de travailler forcément pour les autres. S’ils veulent nous accueillir comme ça chez eux, eh bien, on sera obligés en un moment donné, par fierté d’appliquer la réciprocité”.
Propos recueillis par Die BA
Abdoulaye SYLLA (Photo)